16.2.06

16.

Torino _> Turin : tour ?
non, Augusta Taurinorum, taureau d'or dansant sur son blason bleu
d'une légèreté surprenante en regard de la ville qu'il défend,
quadrillée à perte de marche au risque de ne jamais s'y perdre ;
Turin fut d'abord une chambre blanche et lumineuse
sans autre grâce que d'être au sommet d'une tour
érigée à toute vitesse en regard des grues essaimées et
de la Mole Antonelliana, le plus stupéfiant bâti du XIXe siècle,
de laquelle je voyais l'étendue des vies au travail, entre le Pô
et les Alpes, derrière ^^^^^^^^^^^^^^^^^ fermant l'horizon -
Turin fut un temps de flânerie parmi l'agitation fébrile
de la foire olympique, des images en devenir mondial ;
les miennes furent dérobées au rythme de mes pas :
une femme faisant tomber sur le bitume un préservatif
en descendant d'une voiture alors que des hommes désœuvrés
fumaient et buvaient, attendant qu'on les occupe ;
un enfant accompagné de son père, portant une cagoule
dont l'unique orifice en faisait un cyclope sans précédent ;
cette vitrine de vaisselle blanche dont le prix
est inscrit au feutre noir sur chaque pièce, ou cette boutique
remplie de platres académiques surprise à la fin du jour
sur la Via Principe Amedeo, émouvant musée de visages
et de corps extirpés ;
peut-être le plus grand enseignement de cette paix
presque solitaire
fut-il que je pouvais, enfin, ne plus être un fils
en portant celui de Tiphaine dans mes bras

quant à la découverte de Venise en hiver
je la réserve
nel libro della mia memoria